Avant que le monde entier ne rentre en mode « pause » à cause du Coronavirus (eh oui, le virus et la quarantaine sont même arrivés en Amérique du Sud, pour ceux qui ne sauraient pas !), nous avons eu la chance de partir découvrir la région du Sud Lípez et le Salar d’Uyuni, au départ de Tupiza. J’avais déjà réalisé ce tour un et demi plus tôt mais les paysages sont tellement fantastiques que je n’ai pas hésité longtemps pour me décider à accompagner Ricaurte et mon amie Mathilde dans cette aventure 😉
Stop à Tupiza
Nous sommes arrivés à Tupiza depuis Tarija début mars et y avons passé une journée avant de partir pour le tour. Le temps pour Mathilde de faire une balade à cheval (la ville de Tupiza se trouve au cœur de grandes montagnes et canyons rouges, qui peuvent se découvrir à cheval comme je l’avais fait l’an dernier) et pour nous de faire quelques bonnes ventes de bijoux.
Nous avons décidé de partir avec l’agence de notre hostel, TerrAutentica, où Cintia a su nous accueillir avec un sourire sincère et un dynamisme des plus motivant. Elle nous a convaincu du professionnalisme de l’agence et de la qualité de leur prestation… si bien que nous ne sommes même pas allés voir la concurrence !
Jour 1 – De Tupiza à la Réserve de Faune Andine Eduardo Avaroa
Rendez-vous à 7h à l’agence pour équiper les voitures, rencontrer notre guide Edwin et notre cuisinière Santosa, qui nous chouchouteront durant les 4 jours à venir. Nous partons avec un autre groupe en parallèle, entièrement composé de filles, presque toutes françaises… 1 garçon (Ricaurte) face à 8 filles, il y en a un qui va être content (ou pas) !
Nous partons par la Quebrada de Palala puis faisons un stop à El Sillar, où nous faisons une première pause photo de cet immense canyon peuplées de grands cactus poilus.
Nous nous arrêtons un peu plus loin dans un village (pas sûre que l’on puisse appeler ça un village vue la taille) prendre notre petit-déjeuner, puis reprenons la route jusqu’à rencontrer nos premiers lamas. Toujours aussi irrésistibles mais pas franchement sociable malheureusement !
J’apprendrai d’ailleurs plus tard lors du séjour que le lama est un animal fidèle qui ne suit que son maître, mais qui ne supporte qu’aucun autre humain ne s’approche. Les petites « boucles d’oreilles » qu’ils portent permettent de savoir qui est leur propriétaire. Ils sont élevés dans cette région pour leur laine et leur viande, qui est la meilleure lorsqu’un lama a entre 7 et 10 ans. Avant, la viande est trop tendre, après elle est trop dure ! Enfin, le temps de gestation d’un lama est de 11 mois, presqu’un an !
Le chapitre lama étant clôt, nous pouvons reprendre la route. Malheureusement pas d’arrêt pour la Ciudad del Encanto que j’avais tant aimée la dernière fois, car ce lieu n’est pas accessible durant la saison des pluies, la route n’étant pas praticable.
Nous nous arrêtons donc dans un village plus loin pour déjeuner, puis poursuivons vers Pueblo Fantasma. Ces ruines situées à 4 690 m d’altitude furent témoin de l’esclavagisme (les colons espagnols exploitèrent les indigènes pour extraire l’or, l’argent, le cuivre et autres richesses souterraines locales), jusqu’à ce qu’une étrange épidémie décime le village entier sans même laisser le temps aux habitants d’enterrer leurs morts (je sais, ça fait un peu bizarre de raconter ces histoires durant cette période). Des légendes racontent qu’il est dangereux de se rendre dans ce village de nuit, car y vivent des fantômes et autres phénomènes étranges…
Nous passons ensuite par un mirador à 4 800 m d’altitude, surplombant la Laguna Morejón sous un ciel menaçant et un vent glacial. Il reste alors encore la dernière étape avant de rejoindre notre hostel, durant laquelle nous assistons à un coucher de soleil flamboyant, offrant de magnifiques contrastes avec les alentours enneigés.
Nous payons l’entrée de la Réserve de Faune Andine Eduardo Alvaroa (que nous visiterons le lendemain) et rejoignons enfin notre hébergement. La première journée est toujours la plus éprouvante en termes de distance, offrant relativement peu de pauses et beaucoup de kilomètres à parcourir. Nous prenons un thé, jouons un peu de musique, dînons et partons tous nous reposer avec plaisir.
Jour 2 – Des lamas en chaleur, des thermes, des flamants roses et des geysers
Réveil et petit-déjeuner matinaux puis nous chargeons les voitures et partons sous un grand soleil et ciel bleu. Nous nous arrêtons peu après au niveau d’une ferme où sont encore enfermés les lamas (leurs maitres les rentre pour la nuit et les laisse paître en liberté la journée) dans un enclos. Séance fou-rire, séance photo… tout le monde est gaga et nous pourrions passer la journée à écouter leurs couinements hilarants, regarder leur manière de manger si comique (d’un côté puis l’autre) et étudier leurs étranges mœurs sexuelles (ils sont en chaleur à cette période et nous en voyons plusieurs copuler, jusqu’à deux sur la même femelle !).
Nous partons à contrecœur lorsqu’Edwin nous fait signe de retourner à la voiture. Nous avons encore un long programme pour la journée, et tellement de lieux magnifiques à découvrir ! Notre stop suivant sera la Laguna Hedionda, tirant son nom de son odeur de souffre (« hedionda » signifie « puant » en espagnol), où nous voyons quelques flamants roses au loin. Nous apercevons également des vigognes (qui vivent en liberté et ne sont pas domestiquées, contrairement aux lamas), que nous retrouverons à de nombreuses reprises lors des jours suivants.
Nous voyons bien plus de flamants roses lors de l’arrêt suivant, à la Laguna Kollpa. Cette lagune aux teintes blanches est exploitée pour le borax, une substance servant à la création des produits cosmétiques.
Nous passons ensuite par le Salar de Chalviri (dont le sel n’est plus exploité de nos jours) avant de nous rendre au Desierto de Dali, nommé après le célèbre peintre pour ses paysages rappelant certaines de ses toiles. Vient ensuite la pause longuement attendue : les Thermes ! Une eau à 38°C avec vue imprenable sur les volcans autour…
Après ce grand moment de détente, nous déjeunons puis partons vers les Geysers Sol de Mañana, situés à 4 900 m d’altitude. Un lieu saisissant entre les nuages de fumée s’échappant en continu et les trous bouillonnants, où chacun peut s’approcher (à ses propres risques) au plus près.
Nous terminons enfin par la Laguna Colorada, un lieu dont j’avais gardé un souvenir grandiose lors de mon premier tour. La magie opèrera une fois de plus : une lagune d’un rouge flamboyant, au pied d’un volcan à la forme parfaite, et peuplée de milliers de flamants roses et centaines de vigognes. C’est le point d’orgue d’une journée déjà tellement riche en lieux et découvertes incroyables.
Il reste encore une bonne paire de kilomètres à parcourir pour rejoindre notre hébergement, si bien que nous reprenons la route vers 16h30. Nous arrivons en fin de journée à Villa Mar, un étonnant village au pied de grandes falaises orangées. Notre hostel lui-même est construit à même la roche, qui constitue une partie de ses murs ! Repos, dîner et dodo pour tous.
Jour 3 – Des roches fantastiques au Salar d’Uyuni
Levés une fois de plus sous un grand soleil et après quelques pancakes bien trop délicieux, nous partons nous balader dans le village tandis qu’Edwin finit de préparer la voiture. Nous montons tout d’abord sur cette falaise située juste au-dessus de l’hostel, d’où nous avons une belle vue sur les alentours. Des enfants montent en même temps que nous, se dirigeant vers leur école située plus loin sur la falaise… nous n’avons décidément pas tous la même enfance aux quatre coins du monde !
Nous redescendons ensuite vers une petite rivière qui traverse le village, entourée d’un lit verdoyant. Ce petit village tranquille est des plus charmants et donnerait envie de rester plus longtemps. Edwin ne tarde cependant pas à nous récupérer, et nous partons pour découvrir d’étonnantes formations rocheuses non loin. Tout d’abord la Coupe du Monde, puis le chameau, et Ciudad Italia Perdida (nommées ainsi après qu’un italien s’y soit perdu), de grandes gorges qu’il est possible d’escalader et explorer à notre guide pendant un bon moment.
Une fois remontés en voiture, nous allons à la Laguna Negra, une sombre lagune entourée de hautes roches, et peuplée de nombreuses espèces d’oiseaux, de vizcaches (semblable à un lièvre) et de lamas. Nous y jouons un peu de musique, profitant de la belle acoustique du lieu.
Nous passons ensuite brièvement par le Cañon de l’Anaconda, un vertigineux canyon nommé ainsi pour la forme de la rivière qui le parcoure. La route passe ensuite le long de champs entiers de quinoa en fleurs, absolument magnifiques (de couleurs rouge, jaune ou verte).
Après le déjeuner dans un petit village, nous traversons un autre magnifique canyon et faisons une halte au village de Julaca. Comme l’an dernier, ce stop n’est pas mon préféré. Ce village semi-fantôme garde les vestiges de son ancienne gare (situé sur la voie de chemin de fer transportant du borax entre le Chili et Uyuni) et possède plusieurs boutiques offrant des bières artisanales (au coca, au miel, au quinoa…) à prix d’or, servies avec du reggaeton à fond. Nous prenons tout de même une bière pour goûter mais la dégustons le plus loin possible de cette « musique » insupportable.
Reste ensuite la dernière partie du trajet pour arriver à Puerto Chuvica, village situé à l’entrée du Salar. Nous déposons nos affaires dans notre hostel de sel (des murs jusqu’aux lits et tables, tout est en sel), faisons une pause puis partons voir le coucher de soleil depuis le salar. Un moment sublime, dont les photos sauront mieux transcrire l’émotion vécue que n’importe quel mot…
Une fois le soleil couché, nous regagnons la voiture et avons la surprise d’être accueillis par un petit cocktail aux couleurs de la Bolivie, préparé par les bons soins d’Edwin. Nous le partageons avec joie et surprise, puis rentrons à l’hostel, où nous attendent une bouteille de vin et de délicieuses lasagnes végétariennes.
Ayant eu l’anniversaire de deux filles de l’autre groupe nous accompagnant, la soirée est soldée par un gâteau et cocktail surprise. Nous commençons alors à jouer de la musique avec Ricaurte, et là grosse ambiance ! Nous n’avions jamais eu un public aussi enthousiaste pour danser et la soirée se prolonge… j’abandonne à une heure du matin mais d’autres partiront se coucher à 3h… sachant que nous devons nous lever à 4h pour assister au lever du soleil !
Jour 4 – Lever de soleil et musique au Salar
Nous partons tous les yeux gonflés de sommeil et certains la tête un peu lourde. Chaudement vêtus, nous attendons le lever de soleil de pied ferme. Nous ne pouvons y assister depuis l’Île Incahuasi comme il se fait habituellement, car celle-ci peut être plus difficile d’accès durant la période des pluies. Une fois le soleil levé cependant, nous partons finalement pour l’île car le salar n’est pas tant inondé ce jour-ci (il suffit de 30 minutes de pluie pour que le salar soit submergé et impraticable en 4×4).
Cette île est peuplée de cactus millénaires (ils poussent d’un centimètre par an) et gigantesques, et offre de magnifiques points de vue sur le désert de sel (de 2 500 km2 au total). Nous l’explorons tandis que Santosa prépare notre petit-déjeuner, que nous avalons avec appétit et joie après ces quelques heures debout.
Vient ensuite l’heure des photos que tous attendent : les photos de perspective dans le salar ! C’est loin d’être aussi facile que ça en a l’air mais le résultat en vaut la chandelle. Nous jouons également quelques morceaux ; quel meilleur cadre qu’un désert de sel pour jouer de la musique ?
Nous terminons enfin par un bref passage par le premier hostel de sel construit aux portes du salar, puis une pause souvenirs par un petit village touristique, le déjeuner… et il est l’heure de nous séparer ! Mathilde part pour Potosi et Sucre, tandis que Ricaurte et moi rentrons avec Edwin, Santosa et Sabrina (avec qui nous avons partagé tout le séjour) pour Tupiza.
J’irai retrouver Mathilde quelques jours plus tard à Sucre, avant son retour en France… qu’elle n’aura pas eu, pour la situation que vous connaissez tous actuellement. Elle sera donc partie pour le Pérou, tandis que Ricaurte et moi resterons à Tupiza jusqu’à nouvel ordre.
To be continued…
Infos pratiques
Dodo
Hostal Valle Hermoso 1 : 50 BOB par personne en dortoir ou chambre double, pdj inclus, prix négociable en restant plus longtemps. Hostel à 5 minutes du terminal de bus, avec cuisine, terrasse ensoleillée, salles de bain à tous les étages (et eau très chaude), et surtout un personnel des plus accueillant qui vous fait vous sentir comme à la maison.
Activités
Tour 4J/3N de Tupiza à Uyuni, passant par la région du Sud Lípez, avec l’Agence Tierra Autentica (agence de l’hostel Valle Hermoso 1): Prix négocié à 1100 BOB par personne, pour 4 personnes dans la voiture. Inclus tous les repas (délicieux) : petit-déjeuner, déjeuner, goûter, dîner (tout avec option végétarienne), eau et soda, apéritif au salar et vin le dernier soir. Guide au top, toujours souriant et à l’écoute. Hébergements rustiques et avec douche payante (10 BOB) mais agréables.
Je l’avais déjà fait ainsi l’an passé mais il est vraiment préférable de partir depuis Tupiza que depuis Uyuni : moins de monde, agences moins nombreuses et plus fiables, tour qui finit « en beauté » avec le salar pour le final… hautement recommandable ! L’agence est très sérieuse, et notre guide Edwin et notre cuisinière Santosa aux petits soins.
Le prix n’inclut pas les entrées des lieux visités, allant de 10 à 150 BOB selon les lieux. Prix susceptibles d’évoluer avec le temps, à vérifier avec l’agence avant de partir.