Après nous être mis en jambe avec le trek du Salkantay et la visite du Machu Picchu, poursuivons les dénivelés et les kilomètres. Direction les moins célèbres mais non moins impressionnantes ruines de Choquequirao. Une aventure d’environ 70 kilomètres à travers des paysages inoubliables, des conditions climatiques passant par tous les états, des montées et descentes éprouvantes… mais des efforts largement récompensés.
Préparatifs pour Choquequirao
Mardi 30 octobre 2018
Suite à ma découverte du Machu Picchu, une agréable fin de journée détente aux thermes de Cocalmayo avec Juan, Adèle et Clément, puis une bonne nuit de repos, nous nous levons tranquillement et levons le camp en fin de matinée.
Nous repartons pour Santa Teresa sous une chaleur écrasante. La distance n’est pas longue mais le soleil cogne et la pente se fait sentir !
Nous passons déposer nos affaires à l’hostel puis allons nous restaurer au mercado. Nous en profitons pour refaire les stocks de provisions pour le trek qui nous attend : cacahuètes, cacao, avoine, sauce tomate etc.
De retour à l’hostel, chacun vaque à ses occupations, se repose et profite de la connexion internet. Nous sommes un peu en crise avec la musique à fond dans l’espace commun (cumbia chicha typique du Pérou, totalement insupportable) mais il faut faire avec !
Nous faisons toaster notre maïs, préparons une pâte de cacao, du caramel… Tout pour survivre durant ces prochains jours de randonnée.
Ultimes préparatifs
Mercredi 31 octobre 2018
Réveillée par les coqs qui hurlent sans cesse dès 5h du matin, je me lève de bonne heure et pars au marché faire d’ultimes courses de fruits et légumes, profitant au passage pour prendre un délicieux et copieux jus de fruits pressé.
De retour à l’hostel, je retrouve Clem et Adèle et retourne avec eux au marché, où j’ai encore oublié quelques achats. Nous sommes alors encore hésitants s’il nous faut partir ce jour ou le lendemain, mais une fois rentrés à l’hostel, nous ne tardons pas à prendre notre décision. La musique et le volume sonore sont juste horribles !
Nous bouclons donc les sacs, déjeunons au mercado puis prenons un combi en direction du hameau de Totora. Nous avons déjà fait une partie de ce chemin à pieds et préférons ne pas le refaire, et ainsi économiser au moins deux jours de marche.
Épique route vers Totora
La route pour Totora est magnifique mais particulièrement éprouvante. Une étroite et sinueuse « route » de terre et de pierres, traversant de nombreuses cascades et croisant on ne sait comment d’autres vans et camions. Des prolifiques plantations de bananiers et grenadilles, nous arrivons dans une vallée plus en altitude où la végétation se fait plus rare, mais avec vue sur les glaciers au loin et un soleil de fin de journée qui sublime le tout.
Nous arrivons à Totora vers 16h passés et commençons aussitôt à marcher. Ce seront toujours quelques kilomètres de moins pour le lendemain !
Le meilleur des bivouacs
Ça grimpe sévèrement dès le début mais le chemin est magnifique. Derrière nous se dresse le sommet du Salkantay – pour une fois dégagé -, devant nous une chaîne de glaciers tout aussi libres de nuages, suffisamment rare pour le souligner en cette saison des pluies déjà bien entamée. Le coucher de soleil achève le spectacle, illuminant le ciel au-dessus du Salkantay. Tout simplement sublime !
Une heure et demie plus tard, nous trouvons un terrain idéal pour établir notre campement, à 3 900 m d’altitude et à l’abri d’un petit muret de pierres, avec une vue imprenable sur les montagnes de chaque côté.
Nous installons les tentes et commençons à cuisiner – feu d’un côté, gaz et réchaud de l’autre pour optimiser le tout. Quelques heures plus tard, nous pouvons enfin dîner notre plat de pâtes et légumes, malgré le déluge qui s’en est mêlé entre temps, compliquant un peu la logistique. Il est ensuite temps de dormir en prévision d’une dure journée qui nous attend le lendemain.
Une longue ascension
Jeudi 1er novembre 2018
Une froide nuit, un petit déjeuner copieux, le temps de ranger le campement et nous voici partis pour le col Mariano Llamoca, à 4 643 m d’altitude. Plus de 1 000 m de montée sur environ 4 km, cela s’annonce particulièrement raide et intense !
Nous partons à 8h45, et une heure plus tard, faisons 45 minutes de pause au niveau de petites ruines se trouvant sur le chemin. 10h30, nous voici repartis pour une lente montée jusqu’au col. Les sacs pèsent mais plus nous montons, plus la vallée se révèle derrière nous, offrant une vue superbe.
Nous terminons la dernière partie de la montée dans les nuages, avec une ambiance particulièrement magique. Nous arrivons au col à 12h45 au terme d’une ultime montée super raide, et malgré les estomacs qui commencent à se manifester, ne nous attardons guère à l’arrivée vu le vent glacial.
Nous redescendons donc un peu pour trouver un espace plus agréable pour manger, ce que nous ferons environ un kilomètre plus bas, entre deux averses.
Descente vers Yanama
Commence ensuite une descente d’environ 10 km à travers une magnifique vallée jusqu’au village de Yanama, situé à 3 600 m d’altitude. La lumière change sans cesse, entre averses, soleil, arcs-en-ciel et nuages qui libèrent les glaciers puis les recouvrent de nouveau.
Nous arrivons en fin d’après-midi à Yanama et installons notre campement dans un camping agréable, fourbus après cette longue journée. L’électricité ne fonctionne pas donc la douche est froide mais tout de même bienvenue !
Dernière douche chaude avant longtemps
Vendredi 02 novembre 2018
L’électricité étant de retour au réveil, nous profitons tous d’une douche bien chaude, conscients que c’est la dernière pour un petit moment.
Nous partons en fin de matinée pour une journée qui s’annonce plus tranquille. Nous devons tout d’abord monter jusqu’au Col de San Juan, à 4 150 m d’altitude, soit 500 m de montée, facile après l’effort de la veille !
Le sentier est absolument magnifique, la montée se faisant sur des marches taillées dans des pierres toutes aussi belles et brillantes les unes que les autres. Nous nous arrêtons d’ailleurs longuement en découvrant des grottes que nous partons explorer. De vrais trésors, remplis de cristaux et autres pierres magnifiques. Difficile de résister, nous pourrions en emporter des kilos si cela ne pesait pas tant dans les sacs !
Au moment de repartir nous croisons des français venant de Choquequirao, avec qui nous parlons un petit moment, nous échangeant respectivement de bons conseils. Nous terminons notre montée vers le col seulement à partir de 13h, il nous reste encore du chemin à parcourir !
La montée continue d’être grandiose, que ce soit pour le chemin en lui-même, la roche, la végétation… et le clou du spectacle est à l’arrivée au col, d’où nous avons une vue imprenable sur les vallées environnantes.
Des nuages s’élèvent depuis la vallée en contrebas, apportant une atmosphère mystique à ce magnifique moment, couronné par le survol d’un condor au-dessus de nos têtes. Que demander de plus ?
Tout en descente
Commence ensuite une longue descente jusqu’à Maïzal, hameau situé à “seulement” 4 km du col… Mais 1 000 m plus bas ! Nous marchons à bonne allure et profitons une fois de plus pleinement des paysages et de la végétation qui se fait plus dense au fil de la descente. Cette journée aura probablement été l’une des plus belle en termes de chemin parcouru !
Nous arrivons à Maizal vers 17h et cherchons un terrain où camper en toute quiétude pour fuir un énorme groupe qui occupe le camping principal. Comme toujours, nous installons la tente juste à temps avant une énorme averse, timing parfait !
Dîner au milieu des cochons d’Inde
Une fois installés et alors que la pluie se calme, nous sortons marcher une quinzaine de minutes en direction d’une ferme un peu plus bas où se vendent des repas et quelques victuailles. Le chemin est glissant et c’est épique d’y marcher à la simple lumière de la lampe frontale mais nous arrivons finalement à bon port… Et c’est plein à craquer !
L’énorme groupe qui occupe le camping (une promotion d’étudiants péruviens) a en effet envahi les lieux, qui ne semblent jamais avoir été aussi pleins !
Nous nous faisons tout de même une petite place au fond de la pièce principale pour manger notre assiette de riz, maïs et œuf au plat. Nous sommes au milieu des cochons d’Inde, chats et chatons, c’est assez atypique.
Nous faisons ensuite le plein de riz et pâtes car ce sera la dernière occasion avant Marampata, village situé après Choquequirao. Nous avions attendu le dernier moment pour faire les stocks compte tenu du poids des sacs mais mieux vaut se ravitailler à Yanama. C’est déjà cher là-bas mais pire que tout à Maïzal vu comme le lieu est isolé et loin de tout.
À la recherche de ruines enfouies
Samedi 03 novembre 2018
Nous nous levons tranquillement, rangeons nos tentes et sacs que nous cachons sous les arbres, puis partons explorer de petites ruines toutes proches, que nous voyons indiquées su notre meilleur ami Maps.me.
Si les premières sont faciles à trouver, il n’en n’est rien des suivantes… Nous montons à travers un petit chemin glissant et pentu, terminant la recherche à travers une épaisse végétation. Mes compagnons sont plus motivés que moi, qui suis un peu agacée de la situation, à la recherche de ces pierres introuvables dans une forêt inextricable.
Nous finissons par battre en retraite sans avoir trouvé les ruines, repassons prendre nos affaires et descendons à la ferme de la veille dans l’espoir de pouvoir y déjeuner. Malheureusement le propriétaire est absent, donc nous devons nous résigner à manger les quelques restes de pain, avocat et œuf dur que nous avons.
Dure descente
Nous souhaitions initialement dormir aux ruines de Pinchaunuyoc, que l’on nous avait chaudement recommandées, mais ne pourrons faire tout le chemin avant la nuit vu l’heure déjà avancée.
Nous descendons donc jusqu’au Rio blanco, encore 1 000 m plus bas en quelques kilomètres. Une marche éprouvante pour les genoux et sous une forte chaleur… La douche dans la rivière bien fraîche à l’arrivée sera plus que bienvenue !
Le site est infesté de moustiques et autres insectes piquants (dont nous souffrons déjà suffisamment depuis le trek du Salkantay) mais l’orage du soir et son déluge viendront calmer la situation.
Nous décidons tout de même de lever le camp de bonne heure le lendemain afin d’éviter l’invasion d’insectes et mal commencer la journée !
Les ruines de Pinchaunuyoc juste pour nous
Dimanche 04 novembre 2018
Pour une fois levés et préparés de bonne heure (prêts en 2h et partis à 6h30, un exploit pour nous par rapport aux 4h dont nous avons habituellement besoin !), nous commençons la montée vers les ruines de Pinchaunuyoc, situées à moins de 2 km mais 500 m plus haut. Une montée bien raide qui nous donne offre une belle suée (et encore, le soleil ne se manifeste pas trop !) mais en vaut la peine.
Nous pouvions déjà voir ces ruines la veille depuis la montagne d’en face. Il s’agit d’impressionnantes terrasses en forme d’amphithéâtre, avec une vue grandiose sur les montagnes et vallées environnantes.
Nous y restons toute la matinée, nous préparant café, maté, pop-corn, jouant de la musique… Et le tout quasiment sans croiser personne, un vrai luxe !
Enfin Choquequirao
Nous repartons en début d’après-midi, prêts pour l’ultime effort avant Choquequirao. Une montée de 800 m de dénivelé sur environ 5 km nous attend, particulièrement pentue et difficile sur la dernière partie.
Nous arrivons en moins de 3h au col de Choquequirao, situé à 3 272 m d’altitude. La récompense est à la hauteur de l’effort fourni : nous y avons une vue incroyable sur les ruines et vivons avec émotion le survol de deux condors au-dessus de nous ! Un moment de magie pure…
Il nous reste encore 2 km pour rejoindre le camping, mais tout en descente. Nous arrivons environ 45 minutes plus tard les jambes éprouvées par l’effort, mais tellement heureux. Même l’orage du soir, sa pluie et le renversement du réchaud avec notre casserole de pâtes en train de cuire (brûlant la jambe de Juan au passage) n’entameront pas notre bonne humeur.
Découverte des ruines et fin de l’aventure Choquequirao au prochain épisode !
To be continued…
Infos pratiques
Vroum-vroum
Colectivo Santa Teresa – Totora : 20 soles – 5,23€ – Environ 3h de trajet
Dodo
Camping las Orchideas à Yanama : 5 soles par tente, douche bien chaude à disposition quand l’électricité fonctionne. Possibilité d’utiliser la cuisine et le gaz (coût supplémentaire selon l’usage du gaz). Propriétaires accueillants et espace tranquille. Dispose également d’une chambre à 15 soles la nuit.
Miam-miam et glouglou
À Maïzal : 6 à 8 soles le dîner, 1 sole une boisson chaude. Nourriture très chère du fait de l’isolement du lieu, mieux vaut faire les derniers stocks à Yanama.
Matériel et conseils pratiques
La plupart des visiteurs partent vers Choquequirao en faisant l’aller-retour depuis Cachora (accessible en deux jours), soit 5 jours au total en comptant un jour de visite sur les ruines. Il est possible de poursuivre après Choquequirao jusqu’au Machu Picchu, prévoir environ 6 jours de trek supplémentaires.
Nous avons choisi pour notre part de faire le trek « à l’envers » en venant du Machu Picchu et terminant par Cachora, et cela en vaut largement la peine ! Ne serait-ce que pour l’arrivée au Col de Choquequirao, magnifique récompense après plusieurs jours de randonnée intensive… mais aussi car il y a encore moins de visiteurs qui le font dans ce sens, donc toujours plus de tranquillité, et qu’il vaut mieux visiter Choquequirao après Machu Picchu !
Tout l’itinéraire du trek, les dénivelés et les distances peuvent facilement être trouvés sur internet. De même, le chemin et les campings sont entièrement indiqués sur la formidable application Maps.me.
Il est possible de trouver de la nourriture durant le trek dans les hameaux mais tout coûte très cher, mieux vaut donc apporter de bonnes réserves alimentaires pour plus d’économies et d’autonomie (snacks, riz, pâtes etc.). Choquequirao se trouve entre Maïzal et Marampata, derniers villages où trouver des réserves. Bien prévoir le temps que l’on souhaite y passer pour ne pas se retrouver à court !
Prévoir tente, duvet (confort 0 à 5°), réchaud, gaz, popote et couverts, cape de pluie, vêtements chauds et légers (on passe par tous les climats et températures), spray anti-moustique (ou plutôt une crème pour soulager les piqûres car les spray ne font rien contre les terribles sandflies), chaussures étanches.
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